Le Voleur

Imaginez une contrée aux accents ­mé­diterranéens:: champs d’oliviers, montagnes rocailleuses, soleil sec sur les murs épais de cités antiques. Au nord, de puissants pays continentaux:; au sud, l’immense Empire mède. Entre les deux:: une petite péninsule habitée de peuples aux noms grecs, qui partagent une langue, quelques dieux, mais sont divisés en trois royaumes:: Eddis, Sounis et l’Attolie.

Eddis, niché au cœur de la chaîne d’Héphestial, est un lieu isolé mais stratégique, fort d’une route commerciale essentielle et d’un atout humain inestimable. Le roi de Sounis rêve d’en conquérir la reine, dont l’alliance lui ouvrirait la voie vers l’unification de la péninsule. La reine d’Attolie, glaciale et redoutable, doit quant à elle lutter contre ses propres barons et déjouer les manœuvres des Mèdes, prêts à s’imposer à coups d’intrigues et de machinations.

C’est dans ce décor byzantin, fait de tractations, d’espionnage et de conflits ouverts ou feutrés, qu’intervient Gen, jeune voleur sounisien convaincu de pouvoir tout dérober – comme le Sceau royal, dont il s’est emparé dans les appartements du roi. Jeté en prison, il croupit jusqu’à ce que le plus puissant conseiller de Sounis, le Mage, lui propose un marché:: voler une antique relique en échange d’une ­possible libération.

Commence alors une incroyable saga, où coups d’éclat, mythes fascinants et jeux de pouvoir s’entremêlent. Une lecture qui, tome après tome, devient toujours plus épique, tendue et follement addictive jusqu’à sa conclusion magistrale.

La saga du Voleur de la Reine est unique. Écrite sur une vingtaine d’années, elle est ambitieuse, que ce soit du point de vue du développement de ses personnages, de la construction de son univers et de l’élaboration de ses intrigues sophistiquées où chaque détail compte. Elle a inspiré de très nombreuses sagas et beaucoup d’autrices célèbres aujourd’hui se revendiquent d’elle.

Ce qui au départ ne semble être que l’aventure d’un voleur enrôlé de force pour dérober un joyau, devient très vite une saga d’envergure, teintée de mythologie et de stratégie politique, dont les tenants et aboutissants, les luttes minuscules ou les guerres, les haines et les amours impossibles, ont su tenir en haleine des générations de lecteurs jusqu’au tome final.

L’un des points forts de cette saga est que chaque tome adopte un point de vue unique et partial. Megan Whalen Turner a l’excellente idée de changer le prisme par lequel nous entrons dans son univers antique fantastique, avec un narrateur différent par tome, mais tous racontant l’histoire de la Petite Péninsule au travers de quelques héros et héroïnes hors du commun : Eugènides, Attolia et Eddis.

Même si Megan Whalen Turner laisse le lecteur libre de commencer où il veut, nous trouvons préférable de les prendre dans l’ordre original de publication pour mieux apprécier la construction narrative élaborée et astucieuse de l’autrice. (Le Voleur → La Reine d’Attolie → Le Roi d’Attolie → Un complot de rois → Comme des voleurs → Le Retour du Voleur).

Retrouvez plus d’informations sur cette formidable saga sur la page dédiée.

Gen est un paria, un jeune voleur sounisien dont la langue trop bien pendue l’a mené dans un cachot. Il aime avoir le dernier mot, des habits décents et manger à sa faim. Il n’aime pas les chevaux, se battre et retenir une insulte qui ne demande qu’à être proférée.

Contrairement à ce que son nom indique, le Mage n’est pas un sorcier. Derrière ses yeux gris, son nez aquilin et sa peau burinée se cache un ancien soldat émérite doué d’une grande érudition, à l’esprit vif. C’est le plus important conseiller du souverain de Sounis, et il s’est donné pour mission de mettre la main sur une relique introuvable.

Adolescent naïf et à fleur de peau, Sophos préfère un livre à une épée. Son père, un important duc proche de la couronne, a de grandes ambitions pour lui. C’est pour cela qu’il l’a confié à la garde de Pol, son meilleur soldat. Sophos, pour sa part, n’aspire qu’au savoir et suit les apprentissages du Mage avec attention.

Sounis n’est pas un roi de conte de fées, c’est même presque l’opposé : il n’a pas une carrure à faire frémir ses adversaires, ne possède aucun raffinement ou élégance. Cependant, s’il y a bien un domaine où il excelle, c’est la ruse. Maître de son royaume, il le gouverne d’une main de fer pour s’assurer de ne jamais être pris à revers.

En 1995, Megan Whalen Turner a 30 ans. Diplômée de littérature anglaise, elle travaille comme libraire jeunesse lorsque l’autrice britannique Diana Wynne Jones, séduite par ses nouvelles, pousse son éditeur à la publier.

Un an plus tard, elle signe Le Voleur, un premier roman de fantasy centré sur un jeune voleur manipulateur. Le livre reçoit la prestigieuse Médaille Newbery Honor et devient un best-seller. À la surprise générale, elle revient avec La Reine d’Attolie, un second tome à la puissance narrative redoutable qui bouleverse les attentes.

C’est avec Le Roi d’Attolie en 2006 qu’elle révèle l’ampleur de son projet : une grande saga en six tomes retraçant les conflits de la Petite Péninsule. Suivront Un complot de rois, Comme des voleurs, puis Le Retour du Voleur en 2020, qui conclut ce cycle entamé vingt-cinq ans plus tôt. Cette fresque a marqué plusieurs générations, dont des figures majeures de la fantasy contemporaine comme Leigh Bardugo ou Laini Taylor.

Nourri par Thucydide, Xénophon ou Rosemary Sutcliff, Le Voleur de la Reine mêle aventures, intrigues de cour, stratégies politiques et mythes, avec un soupçon d’amours indomptables. Chaque tome adopte un point de vue différent, parfois peu fiable, invitant à démêler le vrai du faux.

Elle a reçu une Médaille Newbery Honor, un Horn Book-Boston Globe Honor, le Los Angeles Times Book Award et le Mythopoeic Award.