The Westing Game

Sam Westing, le richissime magnat du papier, est mort, et en guise de funérailles, ses proches sont invités à jouer à un jeu macabre : découvrir lequel d’entre eux l’a assassiné et ainsi empocher l’héritage.

Parmi eux, un athlète rapide comme l’éclair, une secrétaire mythomane, un bookmaker, un poseur de bombes, et une erreur… quelqu’un qui n’aurait jamais dû être là. Enfin, il y a Turtle Wexler, tradeuse en herbe particulièrement irritable, surtout en ce qui concerne sa tresse.

Obligés de former d’improbables duos pour résoudre le mystère et empocher le pactole, tous devront se creuser les méninges pour décrypter les indices sans rien laisser filtrer. Mais dans ce jeu de dupes, rien n’est vraiment ce qu’il semble être, et chaque participant a ses petits secrets.

Déchiffrez les énigmes et accompagnez Turtle dans sa quête de la vérité, découvrez ce qui se cache derrière les façades étincelantes des Tours du Soleil Couchant et les sourires de ses locataires. Faux-semblants et mensonges s’entrecroisent pour nous dévoiler des êtres en vérité très attachants. Dans la lignée d’Agatha Christie, le roman inédit d’Ellen Raskin, est un bijoux intemporel qui a autant inspiré Gone Girl de Gillian Flynn ou The Inheritance Games de Jennifer Lynn Barnes, que le film À Couteaux Tirés.

Née en 1928 dans le Wisconsin, Ellen Raskin est une petite fille aux « cheveux noirs raides, qui danse les claquettes avec deux pieds gauches, chante avec une tessiture de trois fausses notes, renverse de l’encre sur ses plus belles robes » et échappe à la Grande Dépression grâce aux livres, aux coloriages, et aux histoires qu’elles se racontent avec sa sœur.

Une exposition d’art non-objectif la met sur la voie des beaux-arts et lorsqu’elle s’installe à New York, elle trouve un emploi dans un studio d’arts graphiques. De son côté, elle achète une presse typographique et dix polices de caractères, grâce auxquelles elle fait jouer son imagination. Indépendante, elle se lance dans l’illustration et réalise peu à peu plus de 1000 jaquettes de livres, dont celle du célèbre Raccourci dans le temps, de Madeleine L’Engle.

C’est après quinze ans à illustrer les projets des autres qu’elle crée son propre livre, Nothing Ever Happens on My Block, publié en 1966, qui marque le début d’une nouvelle carrière débordante d’énigmes et de jeux de mots, culminant avec The Westing Game, qui remporte la médaille Newbury, prix le plus prestigieux de la littérature pour enfants aux États-Unis.

Malgré son succès en tant qu’autrice, elle-même préfère se définir comme une « faiseuse de livres », car pour elle, un livre est « une boîte, un cadeau, une surprise – et à l’intérieur de son emballage se trouve un tout nouveau monde et bien plus encore ».

Aux États-Unis, faire étudier The Westing Game en classe est une tradition qui dure déjà depuis presque 50 ans. On dresse le portrait de chaque personnage, on cherche à deviner leurs motivations, leur identité réelle, on les dessine, on se déguise, on les joue aussi. Et comme introduction au genre du roman à mystère, ce livre n’a plus à faire ses preuves. C’est un bon moyen de se donner le goût de la lecture, et une invitation à lire d’autres grands auteurs, comme Agatha Christie ou Arthur Conan Doyle.

En 2008, le Prime Stage Theater de Pittsburgh commande à la dramaturge Darian Lindle une adaptation de The Westing Game pour la scène, et l’année suivante, le roman est joué au théâtre dans une mise en scène de Terry Brino-Dean. Et comme si les personnages n’étaient pas déjà assez déboussolés par l’énigme qu’ils doivent résoudre, il faut qu’ils évoluent sur un plateau en trois dimensions noir et blanc, représentant un échiquier circulaire géant aux lignes déformées.

Et le film a aussi été adapté au cinéma en 1997, sous le nom Get a Clue, pour ceux qui ont adoré l’univers du livre et veulent retrouver certains de leurs personnages préférés, (on préfère vous prévenir, ils sont moins nombreux dans le film… même si Mademoiselle Pulaski a gagné un pékinois dans l’histoire), et ceux qui n’ont pas peur des effets spéciaux so nineties.

Une fois par an, je lis The Westing Game, d’Ellen Raskin. Je me suis plongée dedans la première fois quand j’étais enfant et l’histoire a influencé tous mes romans d’une manière ou d’une autre.

Je voulais être comme Turtle. Peu à peu, alors que je la suivais dans ses recherches passionnées, j’ai commencé à voir à quel point Raskin avait construit une intrigue intelligente. L’énigme est un puzzle élaboré parsemé de jeux de mots, derrière lequel se cache néanmoins un magnifique plan qui rend l’histoire plus diabolique que fantaisiste.

Bien qu’il soit censé être un roman jeunesse, lire The Westing Game m’a semblé être l’expérience la plus adulte que j’ai eue en tant que lectrice. J’ai beaucoup appris sur Raskin, notamment sur le fait qu’elle a débuté comme illustratrice, ce qui semble logique quand on voit la formidable description de ses personnages. Mais je pense que ce qui m’impressionne le plus, c’est qu’elle ne connaissait pas la résolution de l’histoire avant d’avoir écrit les dernières pages. Le lecteur et l’écrivain découvrent les choses ensemble, et c’est pourquoi on se sent adulte.

J’aime trop ce livre pour essayer de le réécrire ou d’écrire ma propre version un jour, mais soyez sûrs qu’il a influencé Gone Girl. L’amour d’Amy pour les énigmes et les jeux de mots ferait d’elle une digne participante du Westing Game.

Malheureusement pour nous tous, Ellen Raskin est partie jeune. Elle est décédée en 1984 et j’aurais aimé avoir davantage de ses livres à lire et à aimer, des livres qui nous transforment.

Ellen Raskin n’est pas seulement l’autrice de The Westing Game, elle crée aussi elle-même la couverture originale et les éléments graphiques du roman. Pour elle, un livre ne se résume pas à des mots, c’est une véritable expérience à transmettre.

Pour la première édition, parue en 1978, elle commence à dessiner un billet de banque, puis, une fois le titre du roman trouvé, elle a l’idée de réaliser le croquis d’une maison faite de billets, qu’elle dispose sur une page selon l’endroit où elle souhaite que se situe le texte. Pour esquisser les feux d’artifice qui s’échappent de la cheminée, Raskin se lance dans des recherches sur la composition des explosifs, les couleurs et formes que l’on peut obtenir et même les différentes façons de les allumer.

À l’intérieur du livre, elle garde un œil sur l’aspect que prend la maquette. Taille des polices, interlignage, espaces vides, tout est choisi avec soin. Qui l’eût cru, elle va jusqu’à s’assurer que les mots-clés de l’intrigue apparaissent à des endroits stratégiques sur la page ! Armée d’un stylo rouge pour les corrections, et bleu pour les changements, elle supervise chaque étape de l’édition du texte.

Ellen Raskin le sait, pour s’adresser aux enfants, il faut une lisibilité parfaite et la forme la plus engageante possible. Coupes maladroites, veuves ou orphelines, elle ne veut rien de tout ça… et elle songe même à ce que les marges soient assez larges pour que le pouce d’un enfant de onze ans ne cache pas de lettres !