Quatre ans après la publication du Dernier Stade de la soif, Frederick Exley [1929-1992], qui s’imaginait déjà payer les traites d’une luxueuse Chevrolet, continue pourtant de traîner ses sous-vêtements sales et sa folie ordinaire aux quatre coins du pays.
De l’île de Singer, peuplée d’adolescents nonchalants et de losers fêlés, au prestigieux atelier d’écriture de l’Iowa où il est censé enseigner, il poursuit la grande entreprise de démolition de sa propre vie au cœur d’une amérique hypocrite et ingrate.
Capricieux, grossier et sans une once de remords, il développe une nouvelle obsession: l’écrivain Edmund Wilson, tout juste décédé. Partageant avec ce dernier une foi inébranlable en l’écriture et une capacité hallucinante à boire, Exley trouve en wilson un homme à révérer et une carrière à laquelle, sur l’échelle du désastre, mesurer la sienne.
Dans ce vrai-faux journal, cru et sans fioriture, il consigne sa colère et son inextinguible faim de littérature. Ce livre n’est pas la suite du Dernier Stade de la soif, c’est un instantané des années 1970, traversé de dérives, de deuils et de transgressions. C’est la quête sans compromission d’un écrivain prêt à tout pour achever son manuscrit. C’est surtout la tentative, ambitieuse et désespérée, d’un homme de se soustraire à ce qu’il nommait le « chagrin universel ».
Traduit de l’anglais par Emmanuelle et Philippe Aronson.